Liban

Vers un renouveau du paysage agricole libanais

Au Liban, l’agroforesterie gagne du terrain comme en témoignent de nombreuses initiatives. L’association « A Tree For You » y recourt par exemple à Hammana et Anjar pour restaurer les écosystèmes dégradés et accroître les revenus des populations locales. Vertueuse pour contrer la sécheresse, la dégradation des sols, la désertification et la perte de biodiversité, cette pratique pourrait bien redessiner les campagnes libanaises.

L'agroforesterie, qui allie agriculture, foresterie et élevage sur une même parcelle, n'est pas une technique nouvelle au Liban. Cette pratique ancestrale a longtemps été utilisée par les agriculteurs libanais pour améliorer la fertilité des sols, lutter contre l'érosion et diversifier leurs productions. Face aux défis environnementaux et climatiques, cette approche prometteuse favorise une agriculture plus durable et résiliente.

L'agroforesterie au Liban : des solutions concrètes pour des défis majeurs

Le Liban est confronté à de nombreux défis environnementaux et climatiques, tels que la sécheresse, la dégradation des sols, la désertification et la perte de biodiversité. 

Dans les régions montagneuses, l'érosion des sols représente une menace majeure pour la productivité agricole. Des projets pilotes, comme celui mené à Bcharré par l’ONG  

Jouzour Loubnan et l'AFAF (Association Française d'Agroforesterie), démontrent l'efficacité de l'agroforesterie pour lutter contre ce phénomène. La mise en place de haies bocagères et de systèmes agroforestiers en terrasses permet de freiner le ruissellement des eaux de pluie, limitant ainsi l'érosion et favorisant l'infiltration de l'eau dans le sol.

De plus, les arbres, grâce à leur système racinaire profond et à la production de litière riche en nutriments, contribuent à enrichir le sol et à améliorer sa fertilité. Des analyses de sol menées dans le cadre de ces projets ont montré une augmentation de la matière organique et une amélioration de la structure des sols dans les parcelles où l'agroforesterie a été pratiquée.

Reforestation et augmentation des revenus des populations locales 

L'initiative de reforestation menée par l’association A Tree For You à Hammana et Anjar illustre le potentiel de l'agroforesterie pour restaurer les écosystèmes dégradés et accroître les revenus des populations locales. La plantation d'arbres fruitiers et forestiers, combinée à des cultures maraîchères, permet de reconstituer les sols appauvris, d'améliorer la qualité de l'eau et de diversifier les sources de revenus des agriculteurs. Les résultats de cette initiative sont encourageants : des milliers d'arbres ont été plantés, la qualité de l'eau s'est améliorée et les agriculteurs participants ont enregistré une augmentation de leurs revenus grâce à la vente de leurs produits.

Conservation de l'eau et protection des sols dans le Chouf 

Face à la sécheresse qui touche une grande partie du Liban, l'agroforesterie offre des solutions concrètes pour conserver l'eau et protéger les sols. Dans le Chouf, des agriculteurs ont adopté la pratique de planter des rangées de cyprès et de pins entre leurs oliviers. Ces arbres jouent un rôle crucial dans la lutte contre l'érosion des sols en freinant le ruissellement des eaux de pluie. Ils contribuent également à la conservation de l'eau en interceptant une partie des précipitations et en permettant une meilleure infiltration de l'eau dans le sol. De plus, les arbres créent un microclimat plus favorable aux oliviers, réduisant l'impact du vent et du soleil.

Intégration d'arbres fixateurs d'azote dans la Bekaa 

Dans la Bekaa, vallée fertile du Liban connue pour ses cultures céréalières, l'intégration d'arbres fixateurs d'azote, tels que le caroubier et le gleditsia, dans les systèmes de production agricole permet de réduire la dépendance aux engrais chimiques et d'améliorer la fertilité des sols. Ces arbres, grâce aux nodules racinaires hébergeant des bactéries symbiotiques, ont la capacité de fixer l'azote atmosphérique et de le rendre disponible pour les cultures avoisinantes. Cette pratique présente de nombreux avantages pour les agriculteurs : elle permet de réduire les coûts de production, d'améliorer la fertilité des sols à long terme et de favoriser la biodiversité.

Diversification des cultures dans le Akkar 

Le Akkar, région du nord du Liban à forte vocation agricole, expérimente également l'agroforesterie pour augmenter les revenus des agriculteurs et répondre à la demande locale. La mise en place de systèmes associant des arbres fruitiers, tels que les pommiers et les figuiers, aux cultures maraîchères permet de diversifier la production. Cela répond également aux besoins croissants du marché local en produits frais et sains. De plus, cette diversification des cultures contribue à améliorer la sécurité alimentaire des populations locales et à optimiser l'utilisation des terres agricoles. 

Accompagner par la formation et la sensibilisation

Face aux défis environnementaux et socio-économiques auxquels le Liban est confronté, l'agroforesterie se présente donc comme une solution prometteuse et multifonctionnelle. Pour promouvoir cette pratique, des actions concrètes doivent désormais être mises en place : des programmes de formation et d'accompagnement technique pour les agriculteurs. Des subventions pour l'investissement dans les arbres et les infrastructures. Des incitations à la recherche et développement pour optimiser les systèmes agroforestiers. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation auprès du public et des décideurs politiques sont cruciales pour souligner les avantages environnementaux et économiques de l'agroforesterie et favoriser son intégration dans les politiques agricoles nationales. En adoptant une approche globale et proactive, le Liban peut tirer pleinement parti du potentiel de l'agroforesterie pour construire un avenir plus durable et prospère.