Slovenya

Des migrants viennent en aide aux habitants inondés

Des inondations dévastatrices ont frappé la Slovénie. Parmi les nombreux bénévoles venus en aide aux sinistrés, on comptait aussi des demandeurs d'asile. À Sneberje, un village près de Ljubljana, ils ont aidé les habitants à nettoyer et déblayer les maisons inondées. Après la fin des actions bénévoles, les demandeurs d'asile sont restés et leur relation avec les habitants a complètement changé.

En août dernier, la Slovénie a connu la plus grande catastrophe naturelle de son histoire depuis son indépendance. Les inondations dévastatrices du milieu de l'été, alors que le pays était plus habitué à lutter contre les incendies et la sécheresse, ont touché près des deux tiers du pays. L'eau a emporté des ponts et des maisons. 12 000 bâtiments ont été inondés et endommagés. Le coût total des dommages et de la réhabilitation a été estimé à près de 10 milliards d'euros, ce qui représente près de deux tiers du budget annuel de l'État. Ces changements climatiques annoncent une nouvelle ère...

L’initiative est venue des demandeurs d’asile

Comme tout le monde, les demandeurs d'asile temporairement hébergés en Slovénie ont suivi les inondations dans les médias. "Ils ont vu que les gens avaient besoin d'aide, l'initiative est venue d'eux. Ils se sont tournés vers nous et dès le lendemain, nous sommes partis là-bas", se souvient Miha Blažič d'Ambasada Rog. Cette organisation à but non lucratif travaille sur le terrain avec les demandeurs d'asile et défend leurs droits aux frontières, aux bureaux gouvernementaux et sur les lieux de travail. Les demandeurs d'asile sont arrivés à Sneberje, un village complètement inondé en périphérie de Ljubljana, le premier week-end suivant la catastrophe, lorsque des foules de volontaires de toute la Slovénie sont venues en aide aux sinistrés. "Nous étions un peu en décalage dans cette foule. Au début, tout cela semblait un peu étrange. Mais bientôt, nous nous sommes intégrés aux équipes de travail", se souvient Blažič. Il a d'abord fallu nettoyer les maisons inondées, puis enlever toutes les parties en bois et l'isolation gorgée d'eau. "Nous cassions les murs, enlevions la terre... Le travail était difficile et sale", décrit Blažič.

Un jugement plus positif sur les demandeurs d’asile

"Les habitants ont d'abord été effrayés et se méfiaient de leur présence. Dans cet environnement, on n'est pas habitué aux migrants." Mais la situation a changé petit à petit. Les gens ont commencé à les inviter dans leurs maisons. Alors que la vie reprenait lentement son cours et que les autres volontaires ne venaient plus aussi massivement dans les zones inondées, les demandeurs d'asile à Sneberje sont restés. Les habitants leur demandaient s'ils reviendraient le lendemain, les personnes âgées s'étaient particulièrement attachées à eux. "Allez-vous revenir ? Nous devrions encore faire ceci. Est-ce que ce garçon qui était ici hier reviendra aujourd'hui ?" se souvient Blažič .

Certains demandeurs d'asile ont échangé des contacts avec les habitants locaux, les ont appelés et leur ont demandé s'ils avaient encore besoin d'aide, se manifestant à nouveau si nécessaire. "Même lorsque nous n'organisions plus de transports, certains s'y rendaient en bus d'eux-mêmes." C'est ainsi que l'aide organisée s'est transformée en une aide informelle et amicale, décrit Blažič. "Si vous demandez aux gens à Sneberje aujourd'hui, plus personne n’a un jugement négatif sur leur présence". Nous avons été très surpris de l'effet positif de cette action bénévole.

Des 50 demandeurs d'asile venus en aide aux habitants de Sneberje, la plupart sont toujours dans le pays. Certains sont en cours d’extradition, d'autres sont en cours de procédure pour déterminer leur droit à la protection internationale. Pour la plupart des migrants, la Slovénie n'est qu'un pays de transit qu'ils traversent sur la route des Balkans occidentaux. Seule une poignée d'entre eux envisage de rester et de construire une vie ici. ◆

Franci Zlatar, directeur de  Slovenska filantropija, une organisation non gouvernementale pour la promotion du bénévolat, estime qu'il est indispensable que les étrangers qui vivent en Slovénie s'impliquent d’une façon ou d’une autre en cas de catastrophes. "Il est très important pour eux de participer à la vie quotidienne, de se connecter avec la population. Le contact personnel est essentiel et change la vision de nombreuses personnes. Elles les voient sous un autre jour, comme des gens ordinaires, pas différents d’elles. C'est seulement de cette manière que la peur de l'inconnu, des personnes d'autres cultures, peut être éliminée. Les demandeurs d'asile ont montré une grande volonté d'aider après les inondations. Nous devons également garder cela à l'esprit les jours où nous assistons à de nouvelles hostilités, notamment dans la recherche de nouveaux emplacements pour les foyers de demandeurs d'asile."