France

Quand la 3D révolutionne les expositions

La ville de Calais, dans le nord de la France, est la première à adopter la 3D dans le cadre d’une exposition en extérieur. Son festival d’art urbain propose tout l’été un parcours qui permet de découvrir, depuis son smartphone, des créations artistiques en réalité augmentée. Il suffit de scanner un marquage au sol dans des sites déterminés et l’œuvre se matérialise devant vous.

Le festival d’arts urbains de Calais fête cette année sa cinquième édition, mais 2024 marquera un tournant. L’artiste marseillais Stephan Muntaner a mis au point une expérience où vingt de ses créations sont visibles depuis un téléphone portable.

Il suffit de scanner un marquage au sol réalisé au pochoir – une technique ancestrale- pour voir apparaître l'œuvre en 3D. Avec des installations de rue invisibles (et donc non intrusives pour ceux que ça n’intéresse pas), ce procédé offre une interaction immersive totalement nouvelle pour le spectateur.

Il permet de faire le tour de l’œuvre, de l’agrandir pour en saisir les détails depuis un banc ou debout au milieu des passants. Cette innovation, non seulement redéfinit la manière d'interagir avec l'art, mais permet aux générations qui ne vivent plus qu’avec le numérique d’y accéder.

L’IA au service de la culture

Depuis 2022, Stephan Muntaner avec le collectif BBB (Big Bold Brothers) explore les algorithmes d'intelligence artificielle générative. Il intègre désormais cette technologie dans son processus autour de projets de création expérimentale, afin de créer des univers singuliers.

Collaborant avec des institutions culturelles et des festivals renommés, son travail, souvent influencé par la culture pop et les contes fantastiques, aborde des thématiques variées telles que l'amour, l'environnement, le handicap et la confiance en soi. Toujours sur un ton poétique et ludique.

Notre média lui doit son nom, son logo et toute la charte graphique : tous devaient pouvoir être compris et interprétés par les 22 pays du pourtour méditerranéen.

Sa collaboration perdure puisqu’il conçoit en ayant recours à l’IA les images qui illustrent le dialogue scientifique de la tribune du jeudi. « J’utilise Midjourney, une Intelligence artificielle spécialisée dans la création d’images génératives à partir de descriptions textuelles. La machine va vite, 30 secondes pour une proposition. Mais il m’arrive de passer une journée entière pour qu’elle arrive à produire ce que j’ai imaginé, et ce après avoir généré parfois plus de 1400 images... C’est mon cerveau qui décide quand le but est atteint. Quand l’idée que je veux représenter et transmettre est aboutie ».

En septembre ces œuvres d’art seront présentées dans un espace galerie en lien avec 22-med et deviendront des NFT marquant les problématiques d’une époque dans un espace géographique particulièrement menacé.

Une initiative écologique et accessible

Le projet Calais XXL Experience s'inscrit dans une démarche de réduction de l'impact environnemental. En optant pour des œuvres en réalité augmentée accessibles via une application mobile spécialement dédié à chaque exposition, Muntaner et son équipe minimisent l'utilisation de matériaux physiques et le recours au transport. Ils réduisent ainsi considérablement l'empreinte carbone.

Cette première pour un festival d’art urbain poursuit un autre objectif : rendre la création accessible à des territoires plus restreints que les capitales ou les grandes villes. L’usage répandu du téléphone portable dans toutes les tranches d’âge facilite cette initiative. Contrairement aux expériences nécessitant des casques onéreux, l’application développée spécifiquement pour cette exposition fonctionne sur les mobiles de trois générations.

« Cela permet de toucher un public plus large et d’éviter de créer une différence sociale liée à l’accessibilité technologique » s’enthousiasme Stéphan Muntaner. » Cela offre de nouvelles perspectives pour l'accessibilité d’un large public non initié à l'art contemporain ».