Des défis pour la biodiversité #2
Chypre possède une longue tradition dans la production de miel. Après un incendie meurtrier durant l'été 2021, 75 % des ruches et des millions d'abeilles ont été perdues. Pour redonner vie à l'écosystème détruit, le Centre de Reproduction Artificielle de Reine-Abeille «Melissa Vie» a été créé à Odous. C’est l'un des villages de la montagne de Limassol touchés par les incendies, au sud de l’île.
En juillet 2021, l'un des pires incendies de l'histoire de l'île s’est déclaré à Chypre, laissant derrière lui 4 morts, de nombreuses personnes sans abri, des biens détruits et 5500 hectares de terres brûlées. Environ un an plus tard, en juin 2022, grâce à l'initiative de la Banque de Chypre et des clubs Rotary, le Centre de Reproduction Artificielle de Reine-Abeille «Melissa Vie» a été inauguré.Sa fonction est de redonner vie à la nature et aux communautés qui ont souffert sur les plans environnemental, économique et professionnel.
Une abeille qui donne de l'espoir
«Le lendemain des incendies dévastateurs, nous nous sommes rendus dans les villages touchés pour examiner sur place les besoins spécifiques qui avaient émergé. Après avoir réalisé plusieurs réunions avec les chefs de village [NC1] du secteur, une victime collatérale a été identifiée : l’abeille. En effet, 75 % des ruches présentes dans cette région ont été détruites et des millions d'abeilles ont été perdues à cause des incendies», explique Elli Ioannidou, Directrice de la Responsabilité Sociétale de la Banque de Chypre. Le Centre vise à soutenir l'économie locale, en aidant à récupérer non seulement la production de miel, mais aussi des produits agricoles connexes», souligne-t-elle. Avant de détailler : « Neuf communautés et 38 petites et moyennes entreprises de production de miel bénéficient ainsi de l'expertise du Centre».
Le rôle déterminant du Centre Melissa Vie
Durant la période des incendies puis de la création du centre de reproduction, Menelaos Philippou était le Président du Conseil Communautaire du village d'Odous. Apiculteur professionnel et agriculteur, il indique que le Centre joue un rôle déterminant dans la reprise non seulement de la production de miel mais aussi de l'activité agricole générale.
«Nous fournissons une expertise pour la reproduction artificielle des reines, un espace pour le stockage des machines de reproduction, des équipements pour des analyses gratuites à toutes les entreprises touchées par les incendies qui opèrent dans le secteur de la production de miel et des formations gratuites par des professeurs qualifiés d'universités étrangères. Le Centre «Melissa Vie» aide à la restructuration des ruches et à l'augmentation de la biodiversité. En bénéficient les petites et moyennes entreprises apicoles des villages touchés par les incendies : Arakapas, Melini, Ora, Odous, Eptagonia, Sycopetra, Agioi Vavatsinia et Vavatsinia».
Pour M. Philippou, une part importante de la production de miel a été récupérée. Cependant, elle reste faible par rapport aux années précédentes, principalement en raison du manque de précipitations l'hiver dernier, ce qui a limité le développement de la flore et la collecte de nectar par les abeilles. «Le rendement est également affecté par d'autres facteurs tels que les maladies des abeilles et les conditions météorologiques».
«Cette action nous a rapprochés des habitants de la région et encore plus des producteurs de miel, car des collaborations supplémentaires ont vu le jour entre nous. C’est notamment l'organisation de visites éducatives dans des ateliers de production de miel pour les enfants du personnel de la Banque, l'offre de produits dérivés du miel en tant que cadeaux d'entreprise de la Banque à des partenaires et clients… Ou encore la mise en avant de la valeur nutritionnelle de ces produits, via les réseaux sociaux», précise Mme Ioannidou.
L’immense contribution des abeilles à l'humanité
Selon l’ Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, l'Institut National de Recherche Agronomique de France a estimé la contribution des pollinisateurs à l'agriculture mondiale à plus de 200 milliards de dollars par an. Bien qu’ils soient essentiels pour les écosystèmes de la planète, les services que les abeilles et les autres pollinisateurs fournissent librement à l'agriculture étaient autrefois considérés comme acquis, ce qui n’est plus forcément le cas aujourd’hui.
«Les abeilles sont irremplaçables pour le maintien de la biodiversité, la pollinisation des plantes et l'assurance de la chaîne alimentaire», insiste Menelaos Philippou. «Environ 75 % des cultures dépendent de la pollinisation des abeilles. Elles sont donc essentielles non seulement pour l'agriculture, mais aussi pour la durabilité de l'écosystème. C'est pourquoi il est de notre devoir de protéger les abeilles, l'environnement et notre planète, en assurant une vie durable pour les générations futures !», conclut-il.

Photo de Une : Environ 75 % des cultures dépendent de la pollinisation par les abeilles. @cybeeas