En septembre 2023, un séisme touchait le Maroc, au sud-ouest de Marrakech, faisant près de 3000 morts et des dégâts matériels conséquents, avec près de 60 000 bâtiments partiellement ou totalement effondrés. Mais aussi générant une solidarité nationale et internationale de grande ampleur. Au cœur de la zone touchée, l’Ultra Trail Atlas Toubkal qui devait se tenir un mois plus tard s’est en effet mobilisé pour venir en aide aux sinistrés. Il contribue toujours, huit mois après le drame, à la reconstruction de la région.
Plus de 120 tentes conçues pour la haute montagne, 600 matelas, des groupes électrogènes… Deux jours après le séisme, l’ensemble du matériel de l’édition 2023 de l’Ultra Trail* Atlas Toubkal (UTAT, aujourd’hui renommé Atlas Quest) a été envoyé dans huit villages habituellement traversés par cette course de montagne.
Une course intégrée dans l’écosystème naturel et humain
Premier ultra-trail d’Afrique, cette compétition crée en 2009, sillonne le massif du Toubkal, plus haut sommet du Maroc et d’Afrique du Nord, sur des distances allant de 12 à 105 kilomètres. L’évènement s’intègre dans l’écosystème naturel et humain du plateau d’Oukaïmeden, situé à 75 kilomètres au sud de Marrakech, et y installe son camp de base pour la course. « Nous sommes le premier acteur économique et premier employeur de cette zone, explique Cyrille Sismondini, fondateur de cet évènement sportif qui réunit chaque année près de 500 coureurs du monde entier. Notre volonté, c’est de promouvoir le territoire avec un dossard. Toute la logistique de l’évènement est prise en charge par des muletiers et leurs mules. Nous proposons aussi, outre la course, des excursions au Toubkal avec des guides locaux, la visite de villages amazighs ou la location de vélos électriques pour découvrir la région… »
Des tentes, des abris et du matériel

Après deux éditions annulées par le COVID-19**, le séisme impose une nouvelle mobilisation. « On n’a pas réfléchi, c’était un geste humain. Il fallait plus de tentes, on en a fabriqué. Même si cela restait tout de même une goutte d’eau par rapport aux besoins réels… », explique Cyrille Sismondini. Une levée de fond est menée en partenariat avec le Marathon des sables, autre grand évènement sportif organisé au Maroc. Elle permet de recueillir 51 200 euros pour financer une centaine de tentes supplémentaires.
L’aide s’est poursuivie tout au long des mois suivants, avec un projet de construction d’abris d’urgence, lancé au printemps 2024 dans l’une des zones touchées. « Le village d’Iabassen, déjà affecté par des chutes de pierres, a vu ce phénomène s’accentuer avec le séisme, raconte Cyrille Sismondini. On a donc fait monter le matériel pour la construction d’une quarantaine d’abris : briques, ciment, fenêtres en Plexiglas et panneaux de bambou, toujours sur sollicitation d’associations locales. »
Autant d’actions qui ont un coût logistique et financier important. Aujourd’hui, l’organisation de cet évènement sportif se remet doucement sur les rails économiquement, malgré le manque de soutien des autorités locales et françaises depuis quinze ans. La course, qui fonctionne grâce à quelque 120 bénévoles, se tiendra d’ailleurs début octobre sous une nouvelle identité : l’Atlas Quest. Comme chaque année, 40 dossards seront offerts aux coureurs des villages traversés. « Un dossard qui n’est pas juste la course, mais aussi une visite médicale et la remise d’un équipement à l’athlète », précise Cyrille Sismondini. Soit la possibilité de donner des ailes aux enfants du pays. L’UTAT a par exemple accompagné la carrière de Rachid el-Morabity, de 2014 à 2017. Ce coureur marocain, qui a remporté cette année son dixième Marathon des Sables, a aussi réalisé en 2016 le premier et seul podium africain de l’UTMB***, toujours à travers l’UTAT. « Aujourd’hui, on a du mal à généraliser cet accompagnement, parce qu’on a déjà du mal à survivre nous-mêmes, mais c’est l’un de nos objectifs, explique Cyrille Sismondini. On sait qu’on dispose ici d’un vivier de champions du monde. »
Les terres et paysages extraordinaires que traversent les coureurs sont, eux aussi, chargés de potentiel. Cyrille Sismondini en est conscient : « Nous avons de quoi devenir, dans les prochaines années, le premier évènement outdoor d’Afrique ». Avec déjà une grande ambition très concrète : accueillir pour la première fois les championnats du monde de trail, un jour prochain, sur le continent africain.
* L’ultra-trail est une compétition de course à pied en milieu naturel (souvent montagneux) sur une très longue distance, généralement supérieure à 80 km.
** Pendant cette période, l’UTAT se mobilise une première fois, par une action visant à livrer des denrées alimentaires et d’hygiène aux villages très enclavés de ce territoire montagneux
*** L’Ultra-trail du Mont-Blanc (UTMB) est l’une des courses les plus emblématiques de la discipline.
