Le phoque moine de Méditerranée (Monachus monachus), autrefois répandu le long de toutes les côtes méditerranéennes, est aujourd’hui considéré comme l’espèce la plus menacée en Europe. La diminution des poissons, les filets de pêche, le développement touristique et la pollution des mers sont les principales raisons de cette disparition. La reconnaissance de la région des îles du Nord des Sporades comme zone protégée et la création du Parc National Marin d’Alonissos constituent une étape importante pour la protection de l’espèce et de ses habitats.
Le Parc Marin d’Alonissos a une superficie d’environ 2 220 kilomètres carrés dans les îles du Nord des Sporades. C'est la plus grande zone marine protégée de superficie mixte (comprenant à la fois mer et terre) en Méditerranée. Elle vise à protéger cette espèce menacée d’extinction. Car la population actuelle de phoques moines dans le parc d’Alonissos est estimée à 60 individus. Le nombre moyen de naissances est de neuf individus par an, un chiffre jugé adéquat par les experts pour la conservation de l’espèce
"Le Parc Marin d’Alonissos est l’écosystème approprié pour la conservation du phoque moine de Méditerranée. Là-bas, les phoques peuvent se nourrir et se reproduire, car il existe de nombreuses grottes marines qui constituent l’environnement idéal pour eux", déclare Ioannis D. Mitsopoulos, Directeur général de l’Organisme pour l’Environnement et le Changement Climatique (OPECAC) qui gère le Parc Marin.
Un programme de protection de l’espèce
Pour la protection du phoque moine dans certaines parties du parc marin, une interdiction contrôlée de la pêche a été mise en place, ce qui a considérablement augmenté les stocks de poissons qui constituent sa nourriture. De plus, les rares pêcheurs dans les zones du parc autorisées sont tenus d’utiliser des filets spéciaux, qui ne blessent pas les animaux. "Nous faisons cela d’une part pour protéger le phoque des blessures et parfois de la mort, et d’autre part pour réduire le risque de destruction des filets. Parfois, les phoques endommagent les outils de pêche, ce que nous ne voulons pas. Notre objectif est de faire coexister les êtres de la biodiversité, sans menacer aucun des deux" précise Ioannis D. Mitsopoulos.
Depuis la création du Parc et avec la Décision Ministérielle Commune 23537/2003, des réglementations spéciales par zone et des mesures de protection ont été mises en place. Cela concerne la pêche, l’élevage, l’agriculture, la chasse, l’approche, l’ancrage, les infrastructures, les transports et d’autres activités professionnelles entourant la protection du phoque de Méditerranée. De plus, l’îlot Piperi, qui fait partie du Parc et abrite les refuges de reproduction les plus importants, est soumis à un régime de protection stricte, où seules la recherche scientifique et les actions de gestion sont autorisées.

Comment le phoque de moine a aidé la communauté locale de l’île
Comme l’explique Ioannis D. Mitsopoulos, outre le fait que le parc marin d’Alonissos contribue largement à la préservation du phoque de Méditerranée, des gens du monde entier viennent sur l’île uniquement pour voir l’espèce de près. « Cette zone a été créée pour protéger l’espèce. Maintenant, l’île est devenue un point de référence pour les amoureux de la nature du monde entier. Auparavant, elle n’avait presque pas de visiteurs. Désormais il y a un tourisme de qualité qui respecte l’environnement et procure aux habitants d’Alonissos un revenu inédit. Ces derniers trouvent plus facilement du travail et ne partent pas pour les grandes villes, comme c’est le cas sur diverses îles grecques. Il est important que les jeunes ne quittent pas et n’abandonnent pas les îles », déclare M. Mitsopoulos. À Alonissos, la majorité des habitants sont des pêcheurs. La visibilité mondiale acquise par le parc marin grâce au phoque moine leur a parfois permis de convertir leurs bateaux en navires touristiques.
Si le parc marin a avant tout été créé pour protéger le phoque de méditerranée, il abrite aussi de grandes colonies d’oiseaux marins, des espèces très rares de reptiles, des invertébrés, ainsi que des espèces endémiques dont plusieurs plantes indigènes telles que Campanula reiseri, Campanula rechingeri, Linum gyaricum et Areanaria phitosiana. Toute une faune et une flore qui profite de cet espace protégé pour prospérer !
