La sécurité routière est une véritable problématique en Algérie. En 2023, les autorités ont recensé 3628 décès sur les routes, soit une hausse de 15% par rapport à l’année 2022. Le club de motards Live to ride DZ fait partie des associations qui sont engagées, dans une démarche inclusive, à sensibiliser les conducteurs de motos.
En Algérie, un dicton en arabe dialectal dit que « celui qui achète une moto achète sa mort ». C’est, en partie, contre ce genre d’idées reçues qui entourent ce moyen de transport que lutte Live to ride DZ (Vivre pour rouler Algérie), un club de motards créé en 2010 dans la capitale. « On aura beau me dire que la moto est un véhicule dangereux, cela ne changera rien à ma passion », note avec détermination Mohamed Karim Chérif, le responsable de la communication, rencontré au QG du club situé dans un quartier de la proche banlieue d’Alger.
Pourtant, l’histoire de Live to ride DZ est marquée par un événement tragique. Yazid Semari, un de ses quatre membres fondateurs, est décédé dans un accident de moto. « La mort de Semari a provoqué un changement total dans les objectifs du groupe. Le but initial était d’organiser des balades et des raids à travers l’Algérie, mais nous avons pris conscience qu’il était primordial d’axer nos actions sur la sécurité routière », précise Mohamed Karim Chérif. Désormais, pour les membres de Live to ride DZ, le respect du Code de la route et les équipements de protection sont les moyens les plus sûrs de se déplacer en toute sécurité.
De motard à motard
La première grande campagne de sensibilisation a donc été dédiée au port du casque. Dans les villes algériennes, il n’est pas rare de voir des motards conduire tête nue. « C’est l’élément de protection de base, mais trop de jeunes font preuve de laxisme. Réellement, qui mieux qu’un motard pour transmettre un message à un autre motard ? Le meilleur des plans de communication ne pourra rien donner si au final le canal et le message ne sont pas fiables », explique le porte-parole de Live to ride DZ. Mohamed Karim Chérif classe les motards algériens en trois grandes catégories : ceux qui ont opté pour la moto afin de se déplacer rapidement en ville et éviter les inconvénients du stationnement ; les livreurs devenus très nombreux depuis la pandémie de Covid 19 ; et enfin les passionnés qui utilisent leurs motos durant le week-end ou les vacances. Il semble que l’on retrouve les comportements les plus dangereux dans les deux premiers profils de conducteurs. « Ce sont généralement des jeunes qui ont acquis un scooter ou une mobylette comme premier moyen de transport personnel en milieu urbain. Là encore, le principal problème, c’est le port du casque ».
Inclusivité
Ce qui caractérise Live to ride des autres clubs de motards c’est son caractère inclusif. « Tout propriétaire peut être adhérent, quelles que soient la marque et la cylindrée de sa moto. Notre objectif est de transmettre des valeurs de fraternité et d’entraide. Actuellement, Live to ride DZ compte une centaine de membres. Mais avant d’officialiser son adhésion, il est nécessaire de passer par la phase de ’’prospect’’ : durant un an, le candidat doit justifier de l’obtention du permis de conduire moto, d’une assurance et d’une moto conforme. La machine peut avoir été customisée, mais dans le strict respect des normes. Il doit ensuite attester qu’il porte un casque homologué en permanence ainsi que l’ensemble des éléments de sécurité obligatoires pour se protéger. C’est le respect de toutes ces obligations qui valident l’adhésion à notre club », souligne Mohamed. Pour son programme de prévention routière, l’association travaille en partenariat avec la Direction nationale de sécurité routière (DNSR), la police, la gendarmerie nationale et la Fédération algérienne des sports mécaniques et le ministère de la Jeunesse et des Sports. Depuis 2022, le club organise l’Algeria bike week, un événement d’envergure internationale. Parmi les activités, il y a des actions dédiées à la sécurité routière, ainsi qu’une bourse d’échange et de vente d’équipements. Le regroupement de la communauté des motards se termine par un raid à travers les régions d’Algérie. « Au final, ce qui nous réunit au sein de Live to ride DZ c’est la passion de la moto et des valeurs humaines fortes », indique Mohamed Karim Chérif. Un état d’esprit qui ne peut être dissocié des principes de sécurité...
Photo de Une : Le regroupement de la communauté des motards se termine par un raid à travers les régions d’Algérie @Live to ride DZ