Qu’ils soient artisans, livreurs ou restaurateurs, ils ont choisi de troquer leur véhicule pour un vélo. Ces dernières années en France, ils sont toujours plus nombreux à opter pour les mobilités douces, principalement dans les centres-ville. Comme à Nantes où l’association Les Boîtes à Vélo encourage l’entrepreneuriat à vélo et soutient son usage comme principal mode de déplacement professionnel.
Mobilité # 1
« À Nantes, parmi nos adhérents, nous avons aussi un Dj et un luthier ! », raconte en souriant Romain Allais, chargé de développement régional pour Les Boîtes à Vélo. C’est dans sa ville que la première association a été créée, en 2013. Il y a désormais treize antennes en France. Lui-même n’utilise quasiment que ce moyen de déplacement dans le cadre de sa vie professionnelle. « J’ai commencé lorsque j’étais en contrat chez l’un des premiers plombiers à vélo de France, Ze Plombier. Il avait fait le constat que tout était compliqué en utilitaire : se déplacer, se garer… J’étais alors en reconversion, j’habitais dans le centre-ville de Nantes, et ça m’a beaucoup plu ! Le métier n’est pas du tout le même à vélo ».
Aider au développement de la cyclo-mobilité
Au départ, l’association avait pour but de regrouper des travailleurs à vélo afin qu’ils puissent partager leurs problématiques, leurs envies, leurs expériences. Et aussi donner un élan à cette façon d’envisager les déplacements professionnels. « Désormais, l’association a deux objectifs : aider au développement de la cyclo-mobilité professionnelle, et répondre aux besoins des adhérents », détaille Romain Allais.
Pour répondre au premier objectif, Les Boîtes à vélo ont mis en place de nombreuses actions. Dans l’événementiel, par exemple, puisque l’association essaie d’être aussi présente que possible dans certaines manifestations. Il lui faut prouver qu’elle existe et montrer tout ce qu’il est possible de faire à vélo.

Également dans l’aide à la création d’entreprises à vélo, par le biais notamment d’un programme intitulé Ma Cycloentreprise. Créé en 2019 pour trois ans, il a permis aux entrepreneurs intéressés par le fait d’exercer à vélo de réaliser une expertise concrète de leur projet. Cela se passe en trois étapes : une formation collective, théorique et pratique, puis un accompagnement technique individuel et enfin, une aide financière (20% du prix d’achat du vélo – sur critères), pilotée par l’Adie (un organisme de financement reconnu d’utilié publique) et complétée par les subventions vélo territoriales. « Nous allons même au-delà, explique Romain Allais, en travaillant avec les collectivités sur l’urbanisme, les normes favorables à instaurer. Nous visitons aussi les entreprises pour les aider dans leur transition vers une pratique professionnelle à vélo ».
Banaliser le travail à vélo
Le second objectif de l’association Les Boîtes à Vélo est de répondre aux besoins des adhérents. Ceux-ci peuvent également être des vendeurs, des fabricants ou des réparateurs de vélos. « Nous organisons un afterwork une fois par mois autour d’un apéro. L’aspect convivial est vraiment très important pour nous. L’idée est de discuter, de passer un moment ensemble, de renseigner les personnes intéressées. Des élus viennent désormais régulièrement ! », précise Romain Allais. L’idée est aussi que chacun puisse donner un peu de son temps, en prodiguant des conseils, en faisant de l’accompagnement au changement, ou encore en proposant tout simplement de… tester son vélo !
« La problématique technique est fondamentale dans ces métiers : quel vélo choisir, comment le réparer, quel budget y consacrer, comment l’assurer, etc. », raconte Michel Bertrand, créateur des vélos triporteurs IlI Cycles, et adhérent de l’association. « Les expériences de chacun sont importantes à partager… et permettent de lever des freins ! » Ce que confirment Étienne Dreyer et Nicolas Martin, créateurs d’Etnicycles et bien sûr adhérents de l’association. « Les ateliers de réflexion sur les vélos-cargos ont une réelle utilité pour les professionnels intéressés. De notre côté, adhérer nous permet d’être identifiés et de donner un coup de main si besoin. »
Rayonner sur tout le territoire
Si l’association a pu se structurer rapidement et développer des antennes ailleurs, il lui reste pourtant à asseoir géographiquement son champ d’action. « Nous n’avons, par exemple, pas du tout d’associations en Bretagne, signale Romain Allais. Et, bien qu’ayant débuté à Nantes, nous ne sommes pas présents non plus dans les départements alentour. » Certaines collectivités, certaines villes ou régions sont encore assez fermées à la discussion avec l’association, voire même impossibles à joindre pour évoquer le sujet de la mobilité professionnelle à vélo. « Pourtant, nous avons signé une convention au niveau national avec la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, dont le titre est *Avez-vous pensé à faire votre métier à vélo ?*. C’est dans l’air du temps ».
Aujourd’hui, Les Boîtes à Vélo espèrent non seulement pérenniser leur modèle économique, mais aussi « proposer un catalogue de prestations complet pour aider un maximum de professionnels à se lancer. Car nous pensons que tous les métiers peuvent se pratiquer à vélo ».

Photo de Une : livreurs, restaurateurs et artisans sont les principaux usagers du vélo pro ©DR