France

La Valette-du-Var : une ville méditerranéenne à l’avant-garde des transitions écologiques

Face aux canicules, sécheresses ou incendies qui s’intensifient, les villes du pourtour méditerranéen doivent repenser leurs modèles pour s’adapter aux bouleversements climatiques. À La Valette-du-Var, près de Toulon, cette transition passe par la végétalisation, l’aménagement durable, et surtout la participation active des habitants, dans le cadre d’une expérimentation inédite conduite avec l’association NEEDE.

Par la rédaction

Les villes méditerranéennes, soumises à un climat de plus en plus extrême, n’ont plus le choix : elles doivent anticiper, s’adapter, et surtout impliquer leurs habitants dans la construction de solutions durables. À La Valette-du-Var, commune de 23 000 habitants nichée au pied du massif du Coudon, le maire Thierry Albertini en a fait un axe central de son mandat. Depuis 2022, la ville a inscrit les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU au cœur de ses projets municipaux. Un cap qui lui permet de structurer une politique locale ambitieuse de transition écologique. « La Valette-du-Var est engagée dans une démarche globale », insiste l’élu, qui revendique une série d’actions concrètes : plus de 7 000 arbres plantés en milieu urbain, des écoles durables labellisées Bâtiments Durables Méditerranéens, une gestion optimisée de l’eau potable (avec un taux de rendement de 93 %), et même un bassin de rétention transformé en parc en période sèche, couronné par le Prix de la transition écologique de l’Association des maires de France. À cette stratégie de fond s’ajoutent des gestes visibles du quotidien : des places végétalisées, des pistes cyclables à revêtement écologique Urbalith, ou encore des actions de sensibilisation dans les écoles à travers les programmes Watty ou Écopousse. « Ce sont autant de petits jalons qui renforcent notre résilience », explique le maire.

L’expérimentation (RE)generations : co-construire la ville de demain

Mais l’une des expériences les plus innovantes menées ces derniers mois est celle du programme (re)generations, lancé avec Neede, spécialisée dans l’accompagnement des territoires et des populations aux transitions écologiques. Objectif : créer un espace de réflexion collective autour de la ville de demain, en réunissant des publics divers — jeunes du conseil municipal des enfants, seniors du conseil des sages, associations locales, acteurs économiques, agents municipaux et élus. « Il ne s’agissait pas de proposer une écologie technocratique ou punitive, mais de rendre chacun acteur du changement », résume Thierry Albertini. Lors d’un forum participatif organisé le 27 juin, les participants ont souligné le bénéfice de ce croisement des regards, notamment entre générations. Si des doutes ont été exprimés sur la faisabilité de certaines idées, la dynamique enclenchée semble porter ses fruits : plusieurs habitants se sont dits prêts à devenir des ambassadeurs de la transition auprès de leur entourage.

Le défi budgétaire : rigueur et partenariats

Dans un contexte de baisse des aides de l’État et de tension budgétaire pour les collectivités locales, comment financer ces projets ? Le maire se veut pragmatique. « Un cap clair, une rigueur budgétaire, et une recherche active de subventions permettent d’avancer. » Il cite les 680 000 euros obtenus via le Fonds européen de développement régional (FEDER) pour les nouvelles écoles du sud de la ville, ou encore le soutien du Département du Var pour la rénovation du stade Angelin-Segond. La municipalité met aussi en avant l’ODD n°17 sur les partenariats, en multipliant les coopérations à l’échelle locale, nationale et européenne.

Cette volonté de faire réseau se retrouve aussi dans la gestion du territoire. La Valette-du-Var travaille de concert avec les communes voisines de La Farlède, Le Revest-les-Eaux ou encore la métropole Toulon Provence Méditerranée. Avec cette dernière, une convention a récemment été signée pour élargir le périmètre du Comité Communal des Feux de Forêt (CCFF) et mieux protéger le massif du Coudon, poumon vert de la commune et site emblématique classé en forêt communale depuis 2019. À ses pieds, le Conservatoire de l’olivier — en cours de réhabilitation — rassemble près de 80 espèces du pourtour méditerranéen. Un symbole du lien profond entre la ville et son territoire.

En matière d’urbanisme aussi, les transformations sont déjà engagées. La municipalité a développé près de 10 km de pistes cyclables sécurisées, conçues pour relier les établissements scolaires et désenclaver certains quartiers, dans une logique de mobilité douce et d’inclusion. « C’est une réponse aux nouveaux usages, mais aussi une anticipation des contraintes à venir », note le maire.

Dans ce paysage où les maires sont souvent confrontés à l’ampleur des défis climatiques, cette expérience se distingue par sa cohérence, sa volonté d’inclusion, et son ancrage dans le réel. « On ne peut pas imposer une transition par le haut », conclut Thierry Albertini. « Il faut la construire avec les habitants, à leur rythme, en tenant compte de leurs pratiques et de leurs aspirations. » Une écologie du quotidien, enracinée dans le territoire, et portée collectivement : c’est peut-être là, la clé de la résilience méditerranéenne.

Thierry Albertini est Maire de La Valette-du-Var depuis 2018. Il est également Vice-Président de la Métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM) depuis 2020, Vice-Président du Conseil départemental du Var. Il a par ailleurs, parmi ses nombreuses autres fonctions politiques, institutionnelles et associatives durant sa longue carrière d’engagement, été Président de l’Institut Méditerranéen des Sciences Lunaires.

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