Israël

Protéger le récif corallien du golfe d’Eilat

Le golfe d'Eilat, à la limite nord de la mer Rouge, présente un écosystème marin exceptionnel. Malgré l’augmentation de la température de la mer due au réchauffement de la planète, les récifs coralliens du golfe résistent remarquablement bien au blanchissement. Une initiative sans précédent, dirigée par le programme marin de La Société pour la protection de la nature en Israël (SPNI) vise à préserver cet environnement unique grâce à des réserves naturelles, des pratiques durables, l’intégration de la planification urbaine et des mesures de politique écologique.

Israël possède environ 12 km de côtes le long du golfe et environ 35 kilomètres carrés d'eaux territoriales. Il s’agit d’une zone marine compacte, située à l’extrémité nord de l’une des régions de biodiversité marine les plus riches au monde. Pourtant, les plans d’urbanisme et de conservation actuels ne parviennent pas à en garantir la protection, ce qui exacerbe les dommages écologiques. Les habitats de récifs et d’herbiers marins peu profonds sont situés juste au large, donc fortement exposés au développement urbain.

Le récif corallien d’Eilat, seul survivant d’ici 2050 ?

Environ 90 à 99% des récifs coralliens de la planète risquent de disparaître dans les décennies à venir en raison du changement climatique. Cependant, le récif d’Eilat, unique en son genre de par sa génétique, devrait être le seul à survivre. Et ce malgré une augmentation de 4 à 5 degrés de la température de l’eau.

“Malheureusement, l’immense majorité des coraux du monde sont voués à se raréfier d’ici 2050 et nous assistons déjà à leur blanchissement, mais ceux d’Eilat sont très résistants. En raison de leurs génotypes spéciaux, tolérants à la chaleur, nourris par les eaux chaudes de surface du sud de la mer Rouge, ils sont épargnés par le blanchissement qui est un phénomène de dépérissement menant à la mort”, déclare le Dr Shai Oron, écologiste marin à la SPNI.

Si le récif corallien d’Eilat revêt une importance de taille notamment pour le tourisme, sa préservation est cruciale au maintien de la stabilité des réserves naturelles dans la région.

“Ce sont des coraux qui ont un impact global et non uniquement pour la région d’Israël en termes de conservation. Toute la région est reliée : s’il se passe quelque chose à Aqaba, en Egypte ou en Arabie saoudite, cela peut avoir des conséquences sur le récif d’Eilat, nous avons donc l’énorme responsabilité de protéger ces réserves naturelles”, explique Alon Rothschild, directeur du projet et coordinateur de la politique biodiversité à la SPNI.

@ SPNI

Des réserves naturelles menacées

Le récif est soumis à de multiples menaces locales, notamment les débris, les activités de pêche et le développement des infrastructures côtières. Ces pratiques non durables constituent une menace importante pour les moyens de subsistance locaux. Car elles mettent en péril le potentiel de ces récifs en tant que future ressource génétique pour la conservation de l’ensemble des récifs coralliens. 

“Le golfe d’Eilat fait face à de grands enjeux, car de nombreuses activités ont lieu dans un périmètre restreint : pêche, tourisme, transport du pétrole, construction et commerce” déclare Alon. La SPNI alerte et pointe du doigt le manque d’action systématique pour la protection marine, le manque de sensibilisation, et l’absence de cadre de coopération régionale pour la protection marine.

Cette zone marine compacte se classe parmi les vingt zones les plus riches au monde en termes de biodiversité marine. À terme, l'Initiative de la SPNI a pour objectifs, entre autres, que les récifs coralliens de la mer Rouge soient une source financière pour une population régionale en croissance rapide de plus de 28 millions de personnes et que les revenus annuels du tourisme dépassent 12 milliards de dollars par an pour la région.

Des solutions concrètes

Pour pallier les menaces, les actions proposées par l’initiative de la SPNI se concentrent sur le plaidoyer en faveur de la création d'aires marines protégées et d'herbiers marins, en collaboration avec l'Autorité de la nature et des parcs. Cela implique de doubler la zone marine protégée de 5 % à 30 % de la superficie des eaux territoriales.

Le programme pilote vise aussi à réduire la pollution lumineuse. Le récif d'Eilat, situé près du rivage, est sensible à d'importantes influences terrestres, posant des risques pour la santé des coraux. Les principaux critères de réussite incluent la réduction de 90 % de la pollution lumineuse dans un rayon de 200 mètres de la ligne de flottaison et la réduction de moitié de la consommation d'énergie destinée à l'éclairage. En adoptant des pratiques économes en énergie et grâce à la mise en œuvre de stratégies de prévention de la pollution lumineuse, facilitées par les organismes de planification et d'infrastructure de la ville.

Par ailleurs, Eilat a récemment été sélectionnée pour participer à la nouvelle mission de l'UE : 100 villes neutres pour le climat d'ici 2030. Cette désignation présente l’opportunité d'augmenter le programme pilote de la SPINI d’objectifs plus larges de neutralité climatique.

Baie d'Eilat @ Pixabay