Les zones humides, avec leurs plantes et leurs insectes sont essentielles à la migration des oiseaux survolant Israël vers l’Asie. Mais la sécheresse les a parfois altérées. Le projet Start-Up Nature de la Society for the Protection of Nature in Israel (SPNI), créé en 2021, reconvertit donc d’anciens étangs à poissons en zones humides. Il offre ainsi de nouveaux lieux de nidification sûrs aux oiseaux lors de leur voyage.
Start-Up Nature a été mis au point par Dan Alon, aujourd’hui PDG de la SPNI. Avec, pour vision à long terme, la création de 12 000 acres ce qui équivaut à restaurer 25% des 50 000 acres qui ornaient Israël au début du 20e siècle. Les équipes ont donc loué des terres agricoles directement auprès de trois kibboutzim (villages) pour les développer, maintenir la voie migratoire et créer de nouveaux habitats. À partir de 2020, la SPNI a planifié, drainé et réaménagé la topographie des étangs piscicoles et a rempli lentement plusieurs bassins de différentes profondeurs.
Depuis l'assèchement de 95 % des zones humides naturelles d'Israël dans la première moitié du 20e siècle, de nombreux oiseaux migrateurs, en particulier les oiseaux aquatiques, profitaient des fermes piscicoles pour se ravitailler avant ou après leur migration à travers la ceinture désertique d'Afrique du Nord et de la péninsule arabique.
Des zones humides dans trois kibboutzim
Start-Up Nature a développé des zones humides dans trois kibboutzim et projette de s’étendre à différentes zones du pays. Au kibboutz de Kfar Ruppin dans le nord d’Israël, une ferme aquacole a été convertie en zone humide. Depuis 2020, plus de 200 espèces d'oiseaux y ont notamment été repérées par les chercheurs et les ornithologues.
Au kibboutz Ma’agan Michael, situé sur la côte méditerranéenne entre Haïfa et Hadera, de nouvelles zones humides ont également vu le jour. Au total, 13 millions de dollars seraient nécessaires pour rendre les fermes piscicoles à la nature et les maintenir jusqu'en 2050. Start-Up Nature collecte par ailleurs de nombreux fonds pour mettre en place six autres projets de réensauvagement dans le nord du pays.

“Nous avons estimé que ces projets supplémentaires nécessiteraient 4,7 millions de dollars pour la configuration initiale et 29,4 millions de dollars pour les maintenir jusqu'en 2050”, a déclaré Jay Shofet, Directeur des Partenariats et du Développement de la SPNI. “Pour l’heure, nous avons restitué trois zones humides différentes, mais notre but est d’en créer 10 voire 20 ou plus afin de restaurer 30% des zones humides du pays. Nous avons constaté l'impact global de ces points de chute pour les oiseaux du monde entier et leur rôle prépondérant dans la protection des espèces”, poursuit-il.
Récemment, Start-UP Nature a finalisé un accord avec le kibboutz Dan (nord) pour réensauvager près d’un kilomètre carré d'anciennes fermes piscicoles. Ces zones humides se trouvent dans un corridor écologique crucial et sont bordées par quatre affluents du Jourdain.
Ces sanctuaires, dotés de centres de visiteurs et de sentiers accessibles, permettent chaque année à plus de 150 000 visiteurs locaux et internationaux de rencontrer 300 espèces d’oiseaux, dont les cigognes, les grues cendrées, les pélicans ou encore les aigles.
“Nous avons pour mission de rendre la nature accessible aux visiteurs du pays, mais aussi du monde entier, grâce aux points d’observation d’oiseaux que nous avons créés. Les gens sont impressionnés et émerveillés par la beauté de la nature et prennent conscience de l’importance du projet. Nous organisons également des visites scolaires pour sensibiliser les plus jeunes au phénomène de protection de la nature, et en particulier des oiseaux”, affirme Jay Shofet.
Sans cette initiative, les conséquences seraient dévastatrices, car les oiseaux n’auraient pas assez d’eau et de nourriture pour effectuer leur trajet.
Un modèle exportable
Start-Up Nature travaille en coopération avec plusieurs pays du pourtour méditerranéen, dont Chypre ainsi que la Jordanie. Le programme compte encore élargir son influence à d’autres pays du globe. “Nous souhaitons réellement montrer que ce modèle est exportable à l’échelle internationale. Nous avons prouvé la pertinence de nos actions, surtout pour les pays secs et désertiques à forte densité de population. Nous croyons fermement que plusieurs pays du monde devraient marcher dans nos pas, afin de protéger la planète”, a déclaré Jay Shofet.
En partenariat avec l’Autorité israélienne de la nature et des parcs, un budget commun de 132 500 dollars a été alloué à Start-Up Nature pour cartographier et étudier les zones à fort potentiel de restauration des zones humides. Cette cartographie aura lieu au cours des deux prochaines années dans la côte du Carmel, les vallées de Hula, d'Akko et de Beit She'an, ainsi que dans les bassins de Harod, Jezreel, Hadera et Alexander, qui ont été identifiés comme zones critiques pour soutenir le mouvement migratoire.
